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Jean-Daniel SRAER (1937-2019)
in memoriam
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Jean-Daniel Sraer naquit en 1937 dans une famille juive ashkénaze et resta toute sa vie profondément attaché au Judaïsme et à Israël. La victoire allemande de 1940 amena sa famille à s’installer à Alger. Revenu en France à la libération, il décida comme sa sœur, de s’inscrire à la Faculté  de médecine à la fin de ses études au lycée. Reçu à l’internat et après un service militaire en Algérie, il commença sa vie de médecin dans les hôpitaux parisiens.

C’est Gabriel Richet qui le fit devenir néphrologue et lui fit comprendre qu’il n’était pas de carrière universitaire sans mener de pair soins aux malades et recherche au laboratoire. Il fut un des élèves préférés de Gabriel Richet auquel le liait un profond attachement parce que tous deux partageaient des traits communs de caractère : franchise et liberté dans les propos, goût pour l’enseignement au lit du malade, nécessité d’un service de néphrologie pluridisciplinaire en relation étroite avec une unité INSERM incluant anatomopathologistes, physiologistes et chercheurs statutaires et universitaires, désir d’aider au mieux leurs élèves dans leur vie professionnelle.

Il passa à Tenon toute sa carrière comme chef de clinique, assistant, professeur de néphrologie, puis chef de service de néphrologie à la retraite de Gabriel Richet auquel il succéda. Son service recevait essentiellement deux types de patients, ceux atteints  d’insuffisance rénale aiguë et ceux arrivés au stade d’insuffisance rénale chronique avancée traités par transplantation rénale. Jean-Daniel Sraer acquit la réputation d’un expert dans ces domaines.

Parmi toutes les études cliniques qu’il publia, on peut citer celles sur le syndrome urémique et hémolytique de l’adulte et toutes celles sur la physiologie, l’histologie et les infections virales du greffon ainsi que les diverses modalités de traitement immunosuppresseur. Son activité de recherche occupait une part importante de son temps. Il la poursuivait dans l’Unité de néphrologie que dirigèrent successivement Gabriel Richet, Raymond Ardaillou et Pierre Ronco. Il se préoccupait toujours de mettre au point de nouvelles techniques, d’imaginer des voies de recherche originale et de stimuler l’équipe qu’il dirigeait afin d’essayer de prouver le bien-fondé de ses hypothèses.

Avec Raymond Ardaillou, il fut le pionnier des études physiologiques in vitro des glomérules isolés et des cellules glomérulaires mésangiales et épithéliales en culture prouvant que la physiologie du glomérule était plus complexe qu’on le pensait alors, cette petite touffe de capillaires étant la cible d’hormones régulant son activité et la source de médiateurs chimiques agissant in situ. Ces recherches ont eu une profonde influence sur l’utilisation des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine chez les malades insuffisants rénaux. Il étudia aussi les processus de formation des thrombi dans les capillaires glomérulaires étroitement liée au système fibrinolytique dont les éléments essentiels sont les activateurs du plasminogène et leurs inhibiteurs. Son dernier travail fut la découverte d’un récepteur de la rénine et l’analyse des fonctions de cette protéine. Il cherchait toujours à impliquer ses internes dans des travaux de laboratoire pour leur donner le goût de la recherche.

Son épouse, Josée Sraer, MCU-PH de physiologie travaillait aussi au laboratoire dans l’équipe dirigée par Raymond Ardaillou et participa avec eux deux à ces recherches. Il forma de nombreux néphrologues dont Eric Rondeau, Marie-Noëlle Péraldi et Alain Kanfer qui furent ses assistants. Son service et son laboratoire accueillirent des étudiants et des chercheurs étrangers qui lui restèrent toujours reconnaissants de son accueil et de son enseignement.

Il souhaita, à sa retraite, conserver une activité médicale, ce que lui permit son élection à l’Académie. Tous ses confrères étaient admiratifs de la pertinence des questions qu’il posait après l’écoute de rapports ou de présentations par des invités.

Nous nous sommes rencontrés à l’Hôpital Tenon, il  y a cinquante et quarante ans, et nous n’avons quitté cet hôpital, ni l’un ni l’autre, jusqu’à notre retraite. Nous avons pu apprécier ainsi sa fidèle amitié, l’imagination créatrice dont il faisait preuve dans ses recherches, l’humanité de ses contacts avec ses patients et le désir qu’il avait de les traiter au mieux de ses possibilités, le courage dans les épreuves, et plus que tout sa générosité. Jean-Daniel avait une très profonde affection et admiration pour sa famille, et c’est tout particulièrement à elle que nous pensons en ces jours.

Raymond Ardaillou et Pierre Ronco, de l’Académie nationale de médecine
 

 
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